On constate un intérêt grandissant et des investissements sans précédent dans l’application d’azote, plus tardivement en saison. Par tardivement, nous voulons dire des applications qui vont au-delà du moment opportun et habituel des semis ou de l’épandage latéral, soit habituellement entre les stades V10 et VT (apparition des panicules). Quelques questions essentielles doivent être considérées, alors que nous visons à déplacer plus tard en saison un approvisionnement supplémentaire d’azote destiné à la culture du maïs.

1.  Si la quantité totale d’azote utilisée est uniforme dans toutes les stratégies, est-ce que le rendement des applications tardives d’azote dépasse constamment celui des applications plus hâtives d’azote? La réponse à cette question est non. J’entends par là que si vous examinez un ensemble  de données de l’Ontario et des états du Mid-Ouest américain, vous pourrez certainement trouver des cas où l’application tardive d’azote produit de meilleurs résultats; toutefois, en moyenne, si vous tenez compte du coût additionnel de ces applications tardives d’azote, les stratégies habituelles procurent souvent des rendements nets qui sont  presque similaires.

Des applications fractionnées, avec une partie d’azote appliquée lors du semis et l’autre en épandage latéral ou bien en application tardive, présentent souvent des avantages économiques et peuvent permettre des rendements supérieurs; mais encore une fois, l’avantage n’est pas significatif. Cela signifie que, si votre stratégie d’application tardive d’azote consiste simplement à prendre les 150 livres que vous appliquez habituellement lors du semis et à les diviser (75 livres/acre le 25 avril et 75 livres/acre le 20 juin), vous y trouverez habituellement des avantages, mais l’amélioration au fil des ans pourrait être plutôt modeste (environ 10 $ à 15 $ par acre).  

2.  Alors, comment puis-je espérer gagner en rendement avec des applications plus tardives d’azote? La clé pour améliorer des rendements potentiels nets est de vous assurer que le taux d’azote qui sera appliqué sera également ajusté aux conditions saisonnières. Certaines années, cela voudra dire une application plus grande que le taux de référence standard (selon les approches traditionnelles), et d’autres années, beaucoup moindre. Lorsque ces taux « tardifs » d’azote suivent de plus près l’évolution de l’offre et de la demande en azote, les améliorations de rendements nets pourraient alors être supérieures d’environ 25 $ à 50 $ l’acre.

Par exemple, en supposant qu’un producteur applique 125 livres/acre, soit le niveau de référence lors du semis, ce producteur surveillera alors la quantité de pluie, la teneur en nitrates du sol, l’indice différentiel de végétation normalisé (IVDN) de la culture et le potentiel de rendement, et il arrivera à la conclusion qu’aucune application supplémentaire d’azote n’est requise, contrairement aux 50 livres supplémentaires qu’il appliquerait normalement. Dans ce cas précis, si les rendements diminuent de 4 boisseaux par acre, parce qu’aucune quantité supplémentaire d’azote n’aura été ajoutée et que les dépenses d’application de 50 $ n’auront pas été réalisées, les revenus nets seront améliorés de 30 $ par acre.

Par ailleurs, si certains signaux (par exemple : teneur faible en nitrates du sol, précipitations élevées, etc…) indiquent un besoin pour plus d’azote que la normale, le producteur pourra alors appliquer 75 livres supplémentaires d’azote. L’expérience nous indique que, lors des années où la réserve résiduelle en azote est faible ou lorsque les pertes en azote ont été plus élevées, un investissement supérieur à la moyenne en azote tardif accroitra le rendement, ce qui est de nature à accroitre facilement le revenu net. Et peut-être que le meilleur avantage pour appliquer de l’azote plus tard en saison tient au fait que les producteurs deviennent de mieux en mieux informés et qu’ils peuvent prendre de meilleures décisions quant au taux d’azote à appliquer. 

3.  Comment un producteur choisit-il son taux de référence en azote?

La « feuille de calcul des doses d’azote pour le maïs » du Ministère de l’Agriculture de l’Ontario constitue un excellent point de départ, puisqu’elle vous donne un panorama de la plupart des facteurs ayant une influence sur les besoins potentiels en azote. L’une des clés de la réussite avec l’application tardive d’azote consiste à ajuster le taux de référence en azote à ce que j’appelle « un taux opportuniste de référence en azote » : cela implique un taux qui amènera certainement votre récolte vers une application tardive d’azote, mais sans créer un surplus en azote qui viendrait diminuer la possibilité de profiter d’ajustements saisonniers. Par exemple, si un producteur a appliqué 175 livres par acre sur toutes ses cultures de maïs en 2012, il a manqué l’occasion de diminuer ou d’éliminer complètement l’application tardive d’azote durant cette saison de culture, sans pénalité de rendement. Un bon taux opportuniste de référence en azote se situe généralement à « pas moins de 60 livres par acre, et pas plus de 70 à 90 % du taux recommandé avant le semis par la « feuille de calcul des doses d’azote pour le maïs » du Ministère   

4. Quels sont les facteurs qui influencent le taux d’azote en saison tardive? Les facteurs clés qui influencent la sélection du niveau optimal d’azote en saison tardive sont : l’accumulation des chutes de pluie, la texture du sol, les niveaux de nitrates dans le sol, le potentiel de rendement et les indicateurs relatifs au plant.

  • Accumulation des chutes de pluie : cet indicateur doit comprendre des données passablement précises pour un champ particulier, et il doit couvrir la période comprise entre la fin-avril et le moment de l’application tardive de l’azote.
  • Texture du sol : cette information est utilisée pour déterminer les évaluations plus hâtives du taux de référence en azote, mais elle a également une interaction importante avec les chutes de pluie, lorsque vient le temps de déterminer les niveaux tardifs d’azote.  
  • Niveaux de nitrates dans le sol : les niveaux de nitrates dans le sol, qui sont enregistrés dans des champs suite à une application hâtive d’engrais de démarrage riches en azote, doivent être interprétés avec une certaine prudence; toutefois, si ces niveaux sont enregistrés avant que une absorption significative par le plant (le stade V8), ils peuvent être utiles dans l’évaluation des besoins en azote.  
  • Potentiel de rendement : la date de semis, la population des plants, la régularité du peuplement, l’historique du rendement du champ et le stade de développement peuvent tous jouer un rôle dans l’évaluation du rendement potentiel et des besoins en azote.
  • Indicateurs relatifs au plant : la concentration d’azote dans les tissus, la couleur de la feuille, ou les lectures de l’IVDN peuvent aider à évaluer l’état du niveau approprié en azote ou le potentiel de rendement de la culture.

5.  Peut-on appliquer de l’azote trop tardivement pour une bonne assimilation par la culture? On ne parle jamais suffisamment de ce sujet, mais il y a certainement une évidence à l’effet que, si l’application tardive d’azote est réalisée en surface, si le sol est sec et s’il y peu de pluie suite à l’application, il s’en suivra que l’azote pourrait ne pas se rendre dans le plant à temps pour assurer une amélioration maximum du rendement. Par mesure de sécurité, l’application tardive d’azote devrait être réalisée avant la 10e journée qui précède l’apparition des panicules. Je suis bien conscient que, dans des conditions optimales, avec de bonnes chutes de pluie, etc… on pourrait retarder de quelques jours, mais je ne vois pas beaucoup d’avantages à cette stratégie. Par exemple, si nous avons pris une décision éclairée de procéder le 5 juillet, ça ne s’améliorera pas de beaucoup si on attend au 15 juillet, tout en prenant un risque avec le temps sec de juillet.

Il faudrait également noter que, même si cet article s’est concentré sur l’application tardive d’azote, la plupart des idées mises de l’avant peuvent vous permettre d’améliorer toutes vos stratégies d’application d’azote à partir du stade de croissance V5.      

Prochaine étape. Si vous avez le goût d’examiner des stratégies d’application d’azote, vous pouvez communiquer avec votre représentant Maizex et nous pourrons regarder cela ensemble; ou bien communiquez par courriel avec moi à greg@maizex.com.

Greg Stewart, agronome principal
Semences Maizex