Pourquoi ai-je besoin de traitements de la semence?
septembre 18, 2014 | Catégories: Agronomie, Agronomie |Je suis un exploitant agricole : Statistique Canada établit que je fais partie du 2 % de la population canadienne. Je suis un producteur de semence : Agriculture et Agroalimentaire Canada estime que 9 bouchées de nourriture sur 10 qui sont consommées dans le monde résultent de la semence d’un grain.
En tant que producteur de semence, c’est mon travail de produire de la semence de haute qualité pour les exploitants agricoles à travers le monde. En tant qu’exploitant, c’est ma responsabilité de nourrir l’autre 98 % de la population canadienne, et de contribuer à l’alimentation de la population grandissante du monde entier. Dans ces deux cas, j’ai besoin d’obtenir la garantie que chaque grain que je sème poussera.
Les exploitants agricoles gèrent un nombre considérable de variétés de cultures, des fruits et légumes jusqu’au maïs, au soya, au canola, aux graminées, et même aux fines herbes et épices. Peu importe ce que l’on produit, notre objectif est de fournir le meilleur environnement possible à notre culture de prédilection pour qu’elle prospère. Pour faire cela, nous avons besoin d’intervenir dans les cycles de vie de d’autres organismes : plus particulièrement les mauvaises herbes qui sont en compétition pour l’eau et les matières nutritives, et les insectes nuisibles, champignons et maladies qui se nourrissent de nos plantes.
Il y a à peine 2 décennies, les exploitants agricoles devaient subir des pertes énormes, à cause de la pression précoce des insectes.
Le ver fil-de-fer, les mouches des semis, les limaces et les mille-pattes, se nourrissant des grains semés ou des jeunes plants, causaient jusqu’à 30 % de perte aux récoltes. Pour protéger ces semences et ces jeunes plants en phase de germination, les producteurs devaient ajouter des insecticides comme le Diazinon et le Lindane dans la boite du semoir. Nous avons dû mettre des organophosphates ou des insecticides pyréthroïdes dans le sillon avec la semence, et bien souvent nous avons été dans l’obligation de pulvériser ces mêmes produits dans les champs, après l’émergence de la culture. Ces pratiques ne constituaient pas une approche très contrôlée et très sélective de la gestion des insectes nuisibles.
Une autre responsabilité importante pour nous, en tant qu’exploitants agricoles, est d’être de bons protecteurs des ressources naturelles. Et nous devons l’être!
Notre survivance dépend de la bonne santé de l’environnement dans lequel nous travaillons. C’est pourquoi, depuis le début du 21e siècle, les exploitants agricoles ont commencé à utiliser les traitements de la semence, afin de contrôler les insectes nuisibles s’attaquant aux grains des semences et aux jeunes plants. Les traitements modernes de la semence recouvrent l’extérieur du grain, procurant ainsi une protection ciblée.
La quantité d’ingrédients actifs introduits dans l’environnement à cause des traitements de la semence représentent seulement 10 % de celle des traitements dans le sillon, et seulement 1 % des pulvérisations foliaires. Cette technologie facilite également la technique agricole de précision et sans labour, destinée à protéger les sols plus fragiles : réduction de l’érosion, du compactage et de la perte d’éléments nutritifs, et garantie que chaque grain semé pourra pousser.
Les fournisseurs de semences et les exploitants agricoles ont été les premiers à prendre des moyens concrets, lorsqu’il a été démontré que la poussière provenant du procédé de semis de la semence traitée avait une incidence sur les abeilles, tant en Ontario et qu’au Québec. En quelques mois seulement, nous avons travaillé avec les autorités en place et les entreprises de semences pour développer de meilleures pratiques de gestion, destinées à protéger les abeilles et leurs ruches de la poussière provenant du semis. Nous avons participé à un nombre incroyable de rencontres avec les producteurs, d’échanges d’information et de sessions de formation des représentants, pour s’assurer que les meilleures pratiques de gestion étaient mises en place en prévision de la saison de production.
Nous avons mis à jour et améliorés l’étiquetage du matériel d’emballage des semences traitées, et consacré des ressources financières et humaines considérables dans des projets de recherche destinés à évaluer des modifications aux équipements, afin de réduire l’émission de poussière. Les fournisseurs de semences ont offert aux producteurs un meilleur choix de semences non-traitées à l’insecticide, et pratiquement tout le maïs et tout le soya traités à l’insecticide et semé au Québec et en Ontario a été semé en utilisant un lubrifiant qui avait démontré une réduction tout à fait substantielle de la poussière lors du semis.
Ainsi, malgré notre très long et rude hiver, le nombre d’incidents d’abeilles mortes rapporté à l’Agence de réglementation de la lutte antiparasitaire (ARLA) de Santé Canada après les semis printaniers représente le 1/3 des cas rapportés en 2013, et le nombre d’abeilles affectées par incident a été 10 fois plus bas que l’an dernier.
Je suis fier de ce que nous accomplissons en tant qu’exploitants agricoles. Notre pourcentage par rapport à la population globale va en diminuant, mais chaque exploitant canadien produit maintenant assez de nourriture pour nourrir 120 personnes, sur une moins grande superficie de terre et en utilisant moins d’intrants et moins d’eau. Nous avons choisi d’utiliser une technologie de pointe, pour être plus productif et pour laisser un impact beaucoup plus faible sur l’environnement, incluant les abeilles. Mais le travail n’est pas encore terminé. Nous cherchons continuellement de meilleures solutions et de meilleures façons de produire de la nourriture, d’une manière qui soit plus écologique et financièrement durable.
Les exploitants agricoles ne prennent pas cette entreprise de la culture à la légère. En fait, ce n’est pas seulement une question d’affaire : il s’agit plutôt de notre mode de vie.
Nous vivons là où nous travaillons, dans un environnement que nous influençons. Nous assumons de lourdes responsabilités : celles de produire de façon sécuritaire, de la nourriture de bonne qualité et abordable, pour une population qui ne cesse de croître; et aussi de le faire de manière à minimiser le risque pour la nature. Nous ne pouvons pas réaliser tout cela sans utiliser des outils innovateurs et spécialisés, d’une manière qui soit plus écologique et durable. Voilà pourquoi j’ai besoin de traitements de la semence.
Dave Baute
Exploitant agricole de l’Ontario
Président de Semences Maizex
Président de l’Association canadienne du commerce des semences