par Horst Bohner, spécialiste du soya  – OMAFRA

Le semis hâtif a été adopté en tant que stratégie de gestion pour obtenir un rendement maximum avec la production moderne du soya. Il y a une très grand nombre de preuves à l’effet qu’un semis de soya réalisé à la fin-avril ou tôt en mai génère plus de rendement qu’avec des graines qui sont mises en terre durant la 2e partie du mois de mai.

Des essais en Ontario ont démontré que, lors de certaines années, des semis hâtifs peuvent procurer ainsi un rendement supérieur de 10 boisseaux/acre. Aux États-Unis, dans la région productrice du Corn-Belt, des producteurs plus agressifs, à la poursuite de rendements extrêmement élevés, ont même devancé leurs dates de semis en mars.

Alors, est-ce qu’un producteur devrait considérer de tels semis du soya avant ceux du maïs, dans le sud-ouest de l’Ontario?

D’abord, examinons pourquoi un semis hâtif procure plus de rendement. Un des principaux facteurs est que le soya semé plus hâtivement récolte plus d’ensoleillement.  Les rangs établissent leur couvert foliaire plus rapidement, ce qui fait qu’il y a moins de soleil gaspillé durant la première moitié de la saison de croissance. Et de façon encore plus importante, les champs semés hâtivement sont en mesure de capter un « meilleur ensoleillement », avant que les journées commencent à raccourcir en août. Les gros rendements profitent donc des journées les plus longues de l’année, lors des stades clés de croissance du plant. Les longues journées d’été dans l’ouest du Canada sont l’une des raisons qui explique pourquoi il est possible de cultiver du soya dans des secteurs avec une aussi courte saison. De plus, une date hâtive de croissance initiale permettra au plant de produire plus de nœuds. Cela produira plus de gousses par plant et un meilleur rendement.

Toutefois, l’expérience sur le terrain a démontré qu’un semis hâtif ne procure pas toujours plus de rendement. Pourquoi? Une expérimentation a été réalisée à la station de recherche de Winchester, afin de démontrer que la sélection de la variété devient importante lorsqu’on décide de réaliser un semis hâtif. La réponse en rendement de 3 variétés de soya a été mesurée, à partir de semis relativement hâtifs et réalisés à la mi-mai, à la fin-mai et plus tard en juin. Les variétés ont été sélectionnées à partir d’une gamme de maturités correspondant à la « pleine saison » pour cet endroit, soient des variétés MR 1,0, MR 1,6 et MR 2,3. Chaque décimale du système de la maturité relative équivaut à une différence d’environ une journée de maturité à l’automne.

Les résultats ont été convaincants. En moyenne, pour l’ensemble des variétés, cette étude a démontré un avantage vraiment significatif pour le semis le plus hâtif : environ 5 boisseaux/acre de plus que pour le semis de la fin-mai, et environ 15 boisseaux/acre de plus que pour le semis du mois de juin.

Tableau 1 : Résumé des résultats de rendement, pour des variétés semées à des dates plus hâtives et profitant de plus longues journées

Variété de soya Date du semis
      10 mai 30 mai 12 juin
Traitement Variété Maturité relative Bu/acre Bu/acre

 

Bu/acre
1 RX Response 1.0 63.1 63.5 52.2
2 RX Columbia 1.6 68.5 60.6 52.4
3 RX Velocity 2.3 70.8 63.2 54.2
    Moyenne 67.5 62.4 52.9
    Perte de rendement   -5.1 -14.6

 

Peut-être que l’observation la plus importante aura été que les variétés de saison plus longues n’ont pas produit un meilleur rendement lorsque semées tard en mai ou en juin, en comparaison des semences de saison courte. Toutes les variétés ont produit un rendement similaire avec un semis retardé. Mais, les variétés à maturité plus longue ont produit davantage avec leur date plus hâtive de semis.

Le choix d’une variété de saison longue (MR 1,6, correspondant à environ 6 jours de plus pour atteindre la maturité à l’automne – en comparaison de l’ajustement à MR 1,0) a rapporté un rendement supplémentaire de 5,4 bu/acre.
Le choix d’une variété très tardive pour ce secteur (MR 2,3) a rapporté un rendement supplémentaire de 7,7 bu/acre.

Cette expérience démontre très clairement que, si vous choisissez de réaliser un semis hâtif, une variété de saison relativement plus longue constitue le meilleur choix pour de gros rendements.

Maintenant, est-ce qu’un producteur devrait considérer de semer son soya avant son maïs? Puisque les deux cultures souffrent de réductions importantes de rendement avec des semis tardifs, la meilleure réponse serait de suggérer que ces deux cultures devraient profiter d’un semis réalisé à peu près au même moment, surtout dans le sud-ouest de l’Ontario. SI le sol, la température et les conditions d’humidité sont appropriées pour semer du maïs, elles devraient être également appropriées pour semer du soya.