Les semis sont chose du passé pour la majorité des agriculteurs après un printemps difficile et tardif. Les conditions de semis dans bien des cas étaient loin d’être idéales.

L’agriculture est une série de décisions prises au meilleur des connaissances et en fonction de l’information disponible à ce moment précis. La saison évolue et parfois les décisions prises antérieurement peuvent être bénéfiques et parfois s’avérer ne pas être les bonnes. Certains champs ont été forcés et semés trop tôt lorsque le sol n’était pas prêt pour le semis causant de la compaction du sillon ne permettant pas la fermeture du lit de semence. Certains champs ont subi des travaux de sol trop profond pour assécher le sol, résultant en un assèchement du sol trop intense. Ces décisions prises durant le semis ont leur lot de conséquences souvent sous-estimées.

À ceci s’ajoutent les prédateurs présents au sol lorsque les conditions sont propices à leur développement, les champignons comme le pythium et certains insectes comme la mouche des semis peuvent causer des dommages à la semence en émergence et à l’établissement, résultant en un peuplement réduit au champ.

Actuellement, nous avons beaucoup de situations dans lesquelles la levée est inégale et dans lesquelles il y a présence de fonte de semis et manque de peuplement au champ.

La question que tous les agriculteurs concernés par cette situation se posent : devrais-je resemer mon champ?

Pour vous aider dans votre diagnostic au champ, la première étape est d’évaluer le peuplement au champ. En mesurant une longueur de 21 pouces linéaire, ceci représente 1/10 000 d’acre lorsque le semis est au 30 pouces. Lorsque le semis est au 15 pouces, il faut compter 2 rangs et au 7,5 pouces, il faut faire le décompte sur 4 rangs. Un compte de 10 plants signifie que vous avez 100 000 plants/acre levée comme peuplement.

Nos essais de taux de semis nous permettent de chiffrer le rendement associé à un faible peuplement. Un peuplement de 100 000 plants/acre est nécessaire pour obtenir le rendement optimum. Il est impressionnant de constater que le peuplement de 60 000 plants /acre a permis d’obtenir 88 % du rendement obtenu avec un peuplement adéquat; tandis que la population de 40 000 plants/acre à permis de produire 84 % du rendement d’une pleine population au champ. Ceci s’explique par la capacité de soya à combler l’espace environnant en produisant des branches latérales tel qu’illustré sur la photo.

En contrepartie, le contrôle des mauvaises herbes est un défi lorsque le peuplement du soya est faible. Il faut donc être conscient de la situation.

La décision de faire un resemis en juin pour combler la population au champ, va permettre un contrôle des mauvaises herbes sans ajouter de rendement comme démontré dans le tableau illustrant le rendement associé à la date de semis. En effet lorsque le semis est effectué en juin, le rendement est équivalent à 84 % du rendement optimum, soit le même rendement qu’un faible peuplement semé tôt en saison.

L’impact du taux de semis sur la performance et l’architecture des plants
Moyenne 5 variétés
Sites de démo 2021

(ferme recherche MR 0.3 à 1.0)



Photos illustrant différents peuplements et la capacité du soya à initier des branches latérales très tôt en saison.



L’impact de la date de semis sur le rendement 2010 à 2018:

DateRendement relatif (%)
< 14 mai100
14 au 28 mai95
29 mai au 16 juin84


L’important à ce stade-ci de la saison est de connaître son peuplement et de bien gérer son désherbage afin de permettre aux plantes établies d’exprimer leur potentiel de rendement. Surtout n’oublions pas que l’établissement d’un peuplement n’est qu’une étape du rendement, la plus importante est celle du remplissage du grain durant le mois d’août. La saison est encore longue et beaucoup de choses peuvent encore survenir.

Pascal Larose agr.
Chef de produits et agronomie
Québec et Maritimes
Semences Maizex