Il pleut et les conditions ne semblent pas vouloir s’améliorer. Le sujet de l’heure est bien entendu doit-on changer les UTM de notre maïs ou changer de culture pour du soya?

Les printemps avec un semis retardé créent beaucoup de frustrations pour tout le monde impliqué dans la culture du maïs. L’une des questions agronomiques qui se posent lorsque le semis est sérieusement retardé est de savoir si les agriculteurs devraient envisager de changer leurs hybrides à maturité pleine saison pour des hybrides à maturité plus courte. La question se fonde, sur le risque perçu de la culture qui n’atteint pas la maturité physiologique avant un gel d’automne mortel et les pertes de rendement qui pourraient en résulter. Une préoccupation connexe et économique, avec le semis retardé d’hybrides pleine saison est le risque de teneur élevée en humidité des grains à la récolte et les coûts résultant du séchage du grain.

Selon Bob Neilson de l’Université de Purdue en Indiana, l’agriculteur devrait conserver les hybrides de maturité pleine saison avec les UTM adaptées à sa zone lorsque le semis est retardé. Changer de maturité réduirait considérablement la rentabilité associée à la culture du maïs. Les hybrides de maïs s’adaptent au semis tardif en réduisant leur période végétative afin de maturer dans un délai raisonnable.

Une étude de Jeschke, Mark and Steve Paszkiewicz, démontre que les hybrides de maïs pleine saison devraient être maintenus jusqu’au 24 mai. Voir le graphique #1. Après cette date, il est fortement recommandé de changer de maturité de maïs ou de changer de culture pour faire du soya. Pour le Québec la date du 20 mai est plus adaptée et en ligne avec la Financière agricole.

Graphique #1

En analysant le croisement des données provenant de l’université de Cornell dans l’état de New York avec celle de l’OMAFRA sur l’impact d’un délai de semis sur le rendement dans le tableau #1.

Il faut prendre en considération que le rendement estimé est toujours en fonction d’une année de culture. Le rendement est en relation avec le maximum de rendement atteignable durant cette année précise. On ne peut comparer les dates de semis entre elles sur plusieurs années, car elles ne sont pas dans le même contexte climatique.

En analysant les données, la zone en jaune indique le rendement optimum en fonction de la date de semis. Le seuil décisionnel se situe à partir du 24 mai. Cette date entraîne une réflexion à propos de quelles cultures on doit semer. Selon le tableau, le rendement estimable se situe entre 86 % et 95 % pour le maïs et de 98 % pour le soya.

Il est donc plus rentable de semer du soya après cette date au Québec.

Rendement en grain prévu selon les dates de semis

Pour avoir une décision encore plus claire, deux chercheurs de l’Illinois ont développé un outil permettant de prendre une décision sur la culture à semer en fonction de la date de semis, du coût de production et de la valeur marchande des grains. Cet outil est basé sur les conditions de l’Illinois et doit être légèrement adapté en fonction de l’endroit où l’on se situe et le potentiel de notre zone, voir le graphique #2 tiré de cet outil.

Le seuil de rentabilité entre la culture du maïs et celle du soya se croise environ à la date du 24 mai. Une fois cette date butoir passée, la rentabilité du soya demeure supérieure au maïs pour le reste de la saison.

Graphique #2

En conclusion, rien ne justifie un changement de culture jusqu’au 24 mai en respectant les échéanciers dictés par la Financière agricole concernant les UTM relatives à votre région.

Après cette date, selon les conditions climatiques du moment, un changement de culture serait une décision éclairée et justifiable pour assurer la rentabilité de l’entreprise.

Références:
Nielsen, R.L. (Bob). 2012. Interpreting Corn Hybrid Maturity Ratings. Corny News Network, Purdue Univ. http://www.kingcorn.org/news/timeless/HybridMaturity.html [URL accessed May 2019].

Nielsen, R.L. (Bob). 2017. Heat Unit Concepts Related to Corn Development. Corny News Network, Purdue Univ. http://www.kingcorn.org/news/timeless/HeatUnits.html [URL accessed May 2019].

Nielsen, R.L. (Bob). 2018. Grain Fill Stages in Corn. Corny News Network, Purdue Univ. http://www.kingcorn.org/news/timeless/GrainFill.html [URL accessed May 2019].

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Nielsen, Robert L., Peter R. Thomison, Gregory A. Brown, Anthony L. Halter, Jason Wells, and Kirby L. Wuethrich. 2002. Delayed Planting Effects on Flowering and Grain Maturation of Dent Corn. Agron. J. 94:549-558.

Jeschke, Mark and Steve Paszkiewicz. Hybrid Maturity Switches Based on Long-Term Research. Pioneer (Corteva agriscience, an Agriculture Division of DowDuPont). https://www.pioneer.com/home/site/us/agronomy/library/corn-hybrid-maturity-switches [URL accessed May 2019]

Schnitkey, Gary and Ryan Batts. 2011. Planting Delays and Switching to Soybeans: A New FAST Spreadsheet. Univ. of Illinois Extension. [online] http://farmdoc.illinois.edu/manage/newsletters/fefo11_08/fefo11_08.html. [URL accessed May 2011].

http://css.cals.cornell.edu/cals/css/extension/cropping-up/archive/upload/WCUVol21No1-PlantingDates.pdf

http://www.agry.purdue.edu/ext/corn/news/articles.11/SafeHybridMaturities-0517.html

Guide agronomique des grandes cultures. Publication 811F

Pascal Larose agr.
Chef de produits et agronomie
Québec et Maritimes